Édito d’octobre

L’histoire récente de notre église nous donne des raisons de rester modestes. Et pourtant nos petites communautés chrétiennes dispersées dans nos vallons Karens rappellent que l’Église est donnée par Dieu pour maintenir le goût d’espérer. Une guerre à nos portes, l’Ukraine chez vous et la Birmanie chez nous, une inflation aux allures de lance flammes, une récolte de riz qui ne tiendra pas ses promesses … Que de problèmes !

Savoir que nous sommes dépassés et qu’on ne sera jamais à la hauteur de la situation va-t-il nous conduire à baisser les bras ?   Et hop dehors l’espérance, ce sera pour demain ! Non : parce que Jésus est là, en son Église. Il l’a promis.

Alors appliquons nous à être fidèles. Et modestes. Allez enfourchons ce tandem et on gardera le sourire.

Retour dans les terres Karens

3 mois à sillonner la France, la Belgique, un bout de Suisse et une incursion à Rome … 3 mois de bon bordeaux, de crêpes de blé noir, de fromages toniques et têtus, en pâte ou en croûte … 3 mois pour des retrouvailles, des échanges et des partages. 3 mois heureux.

Et pourtant je goûte encore la joie secrète et muette du retour à Maewe. La piste bien fracassée de la saison des pluies expose ses ornières là où on les trouvait déjà l’année dernière et celle d’avant encore. La rivière, ses grands arbres accueillent toujours la nuit qui tombe à 18 h. Les chauds sourires des retrouvailles et les chants à la messe hurlés comme on sort enfin un vêtement de saison valent rituel d’accueil. Me revoilà revenu.

D’autant que l’évêque a eu la bonne idée de me déplacer de Maetowo pour me nommer à Maewe. Le secteur est donc divisé en deux sur une distinction géographique. Ceux de plaine et ceux de la montagne ne répondront plus à la voix du même berger. Je serai celui des montagnards (Maewe- Maesapao- Maepleta) Br David, secondé par l’évêque lui-même, arpentera les plaines de Maetowo et de Maepo.

Cadeaux

Grace à la solide générosité d’amis fidèles, je peux offrir à mon retour un sac souvenir aux couleurs bien françaises. Un Digest quoi ! Une vierge de Lourdes et une magnifique médaille

Rehaussent des cadeaux moins spirituels pour habiter le sac : une petite bouteille de côtes du Rhône et un saucisson sec ! Le tout dans une serviette Tour Eiffel dont les dessins évoquent l’ambiance des terrasses de café.

La bouteille de vin en main, Benchawan restera un instant interdit devant le bouchon de liège qui retarde le plaisir promis. Les copines convoquées font la moue. Pourra t- on ouvrir cette bouteille sans le secours d’un tire-bouchon inconnu ici ?  C’est mal connaître Miss Ben qui avise la caisse à outils de son mari pour dévergonder un grand tournevis. Parce qu’elle ne manquait pas d’encouragement, Ben délite le liège avec lenteur. Les palais ne furent pas déçus.

Teacher Ari poussait des cris en ouvrant son cabas de papier. Sa teneur dévotionnelle la comblait même si elle n’a jamais confondu le cote du Rhône avec de l’eau bénite ! Mais le saucisson ? Ben non : ça ne peut être qu’un cierge pardi. Elle le scrute, le soupèse et le place immédiatement dans son oratoire avec mission de tailler le bougeoir à la taille avant la prière du soir. Vu le gabarit, voilà un cierge qu’on n’épuisera pas de sitôt, il fera bien le mois du rosaire se dit elle !

Famille et amis réunis pour la prière du soir sont incapables de comprimer les rires qui tournent aux hurlements. Ce soir-là on allumera aucun cierge tant on patauge dans le rire au point de perdre pieds mais on se régalera ! Et teacher Ari a gagné sa célébrité…

Soirée photos

Sur un petit téléphone, les photos tournent en boucle. On est au moins 30 autour d’un écran de 10 cm. Le téléphone vogue d’une main à l’autre, on se l’arrache au premier oh et aux autres ah…

Le grand pardon de Sainte Anne d’Auray laisse muet, les fest noz trouvent des adeptes sans délai grâce au cote du Rhône, des cris de reconnaissance accompagnent les plants de piments de Junca… la stupeur se croque devant le berger de Marquez monté sur échasses, un groupe mime les coiffes alsaciennes en mode oreilles d’éléphant, on rêve devant l’inaccessible golf de cran Montana et son écrin montagneux, la tour de Fumal fait lever le regard comme si elle se poursuivait au-delà du téléphone, on retient son souffle devant le plateau de fruits de mer de la Trinite dans le Morbihan !

Mais ce sont les visages amis qui suscitent la plus grande joie, ceux nombreux rencontrés tout au long de ces visites : les volontaires jeunes et anciens, les expats, ceux qui viennent régulièrement et ceux d’une visite…  Que de souvenirs évoqués ce soir-là !

Mais le plus gros succès revient, et c’est sans contestation possible, aux amis moines et moniales qui prient pour nous. Il faut tout expliquer : le noir des bénédictins, le blanc des cisterciens, le brun des carmélites.  Mais la palme revient sans ballotage à la barbe des moines de Timadeuc. « Ça doit coûter cher en shampoing ! » s’exclame un petit qui se caresse le menton. Il cherche en vain le poil qui pourrait démentir qu’il restera imberbe comme tous ceux de sa tribu ! Ont-ils un secret à Timadeuc ?

Merci aux communautés du carmel de Poitiers, des bénédictins de Randol et Kergonan, aux bénédictines de Rosans, de Craon, aux Augustines de Gouarec et aux barbus de Timadeuc.

La saison des pluies

Elle a l’art cette année de laisser perplexe. Normal réagissent les anciens, c’est l’année du tigre.

Alerte mais sans tapage au mois de juin, un peu vive mais sans plus en juillet août, la voilà plus tonique en septembre. Mais c’est trop tard : le riz n’y a pas trouvé son compte. On le voit dépérir depuis la semaine dernière et on s’active pour sauver ce qui peut l’être à coup d’engrais et de pesticide suivant l’expert consulté.

On craint une révolte catastrophique.

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