Édito d’avril

Pas nécessaire d’avoir un master en psychologie pour identifier la rancœur qui l’habite. Il en veut à la terre entière et ne dissimule pas le sentiment envahissant, au point de le paralyser, de sa tristesse. Il s’est fait avoir. Ses parents lui avait vendu un séjour en Thaïlande sur des plages de rêve alors il avait fini par renoncer à un plan camping sauvage dans les Landes avec sa bande. Mais on s’était bien gardé de lui toucher mot de ce petit détour dans le Nord a 1000 km des cocotiers pour visiter un missionnaire chez les Karen !!! Pffff…

Et maintenant une messe en prime ! Trop c’est trop et il s’est promis de ne pas desserrer les dents. La petite famille à vite remisé sa gêne de trimballer ce grand ado rebelle. La fratrie alerte gambade et sautille d’un villageois à l’autre. On n’en perdra pas une miette.

Mais une grand mère karen au visage sculpté par les vents accusant des années  qu’elle n’a pas encore, fonce vers ce grand gars qui la dépasse de 6 têtes. Elle le prend dans les bras et lui lance une phrase comme une giclée de mots qui l’éclabousse.

Il reste confondu d’étonnement et se tourne vers le Pado : “Elle a dit quoi ?”.

Tout simplement : “Tu as bien fait de venir”.

Retourné comme une crêpe, son cœur a pris le dessus et il a souri.

« Tu as bien fait de venir”. C’est ce que Jésus va nous redire tout au long de ce temps pascal. À nous d’ouvrir nos cœurs !

 

La chronique de mars

La covid nous semblait une menace impérieuse et on la craignait. Les villages usaient de l’antique méthode de l’isolement et chacun gérait sa peur avec une politique d’accès plus ou moins tenue. Le virus ne se montre plus et permet de desserrer la pression qui a vrai dire n’a jamais atteint de hautes altitudes.

Aujourd’hui ce qui augmente ce dont les degrés du thermomètre. Je dois m’inquiéter d’une assurance vie pour le mien : 38 degrés l’après-midi. Oui c’est chaud !

Les villageois ont terminé la préparation des champs et attendent le moment du brûlis. Il est orchestré et chaque village jouera sa partition selon son tour.

On profite de ce creux d’activités dans les travaux des champs pour inviter à nos nécessaires corvées : corvée de bois annuelle dans les centres, travaux d’entretien avant la rentrée de mai, amélioration à apporter. Nos journées solidaires rencontrent un beau succès.

 

Les semaines sainte s’accordent en nombre. On en célébrera 2 à la suite. Des vigiles pascales animeront les autres villages. Puis ce sera le temps du camp catéchisme et du camp des jeunes. Environ 150 se rassembleront à Maesapao du 13 au 17 avril. Le mois d’avril sera bien plein !

 

Mais sur toutes les lèvres et au cœur de chacune de nos prières se retrouve la situation en Birmanie. Nous rejoignons les voisins d’en face avec inquiétude et compassion.

Les armées de rébellion karennes se sont fédérées pour lutter contre la junte. Des tirs, des rapts… sont décriés. La guerre se prépare. Au collège nos jeunes nous décrivent les exercices de repli aux abris qu’on leur commande de faire.

On sait désormais que l’armée thaïlandaise a pris ses marques pieds à pieds et coude à coude avec l’armée birmane en favorisant son ravitaillement en zone karen et en participant à ses manœuvres. Ce ralliement déçoit les Karens car personne n’aime ceux qui font allégeance aux méchants.

Quant aux réfugiés qui arrivent, ils foulent quelques heures le sol du Siam et sont invités à repartir. Chez eux ? Ils n’ont plus de chez eux. Hier ils étaient 4000.

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