Édito de février

Bon ce coup-ci, on ne rigole plus ! Mais alors plus du tout. Ce virus nous en fait voir des belles et des sans fin ! On s’énerve tout en sachant que nos colères et nos impatiences ne vaudront pas vaccin.

Au moins, on n’aura pas de mal à entrer en carême. D’ailleurs, il arrive et nous invite à partir au désert. Les Karens rejoignent eux leurs rizières grimpées et vivent dans leurs cabanes du champ en cours.

Habiter une tente comme les hébreux au désert, une cabane comme Karen en rizière : c’est habiter une demeure qui marche. Impossible de s’encombrer, on ne doit conserver que le nécessaire. Le tri est sévère. Il faut distinguer l’indispensable de l’accessoire pour mieux l’abandonner. Sans quoi, on épuisera ses forces et sa survie. Et voilà les bons livres qu’on doit laisser pour ne lire que les meilleurs, tamiser les relations mondaines qui détournent des vrais amis, dompter les belles pensées qui agitent sans jamais agir…

Allez février c’est l’heure du tri !

La chronique de Janvier

Février fut pour nous un moment d’alerte. Les cas de contamination covid ont décollé en Thaïlande et à Maesod en particulier. Les écoles ont été fermées, les villages confinés. Des barrières de bambou en fermaient l’accès gardées avec une vigilance relative parfois. A Maesapao, la barrière semble détendue et le sourire de ses gardes hilares les feraient passer pour des rigolos. Et bien non, les inconnus ne la passeront pas. A Maewe, la barrière se garde seule sauf le samedi ! Pas vigilant à Maewe ? Non la surveillance est collective et celui qui s’aventure sans s’être annoncé devra subir l’interrogatoire du maire. Les sauf-conduits sont rares. À Maepo, c’est la police qui veille. Le culte protestant tenu dans le temple en a fait les frais et le pasteur en rougit encore.

Les lieux de culte aussi sont fermés ce mois de janvier. Comme il est impossible de prier en ligne faute de réseau, on utilise les hauts parleurs. Et le Pado tourne dans le village distribuer la communion.

Nos écoliers et nos étudiants sont retournés dans leurs villages. Quelques-uns pleuraient, la majorité cachait mal sa joie de vacances inespérées. Pour éviter la déscolarisation, nos collégiens étaient convoqués au centre de Maetowo pour des séances de devoirs de vacances. Les lycéens y vivaient à demeure et ont été arrachés à leur village pour suivre les cours en ligne.

Les sœurs visitaient les plus jeunes dans les villages et improvisaient des écoles en saupoudrant des leçons de catéchèse.

On ne s’en sort pas trop mal au prix d’une énergie sans borne. Heureusement le 1er février, les écoles ouvrent à nouveau.

Les Karens préparent les rizières. Ils coupent, bêchent et dessouchent la sole de l’année. Un travail pénible et harassant. Le bois ainsi coupé est arrangé en fagots descendus au village et chaque foyer constitue sa réserve de bois de cuisine pour l’année.

La saison des mariages bat son plein. Le carême viendra mettre des délais. Dès le mercredi des cendres aucun chrétien n’osera plus se marier et attendra sagement Pâques.

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