Edito du Pado Alain – Juillet 2019

Oui mais trop tard !

Les mauvais vaudevilles en font un usage forcé pour relever une intrigue trop traînante. Le héros désabusé prononce lentement en prenant le spectateur à parti : “0oooooui mais trop tard ! “. Alors on attend avec une impatience mal dissimulée un dénouement qu’on n’aperçoit pas encore. Par exemple ?

– Madame s’avise que son mari va bientôt rentrer, alors il faut vite dissimuler l’amant des heures creuses  : oui mais trop tard !

– Des palabres entre vieux copains au buffet de la gare et soudain on réalise que le train partira à l’heure : oui mais trop tard !

Et dans nos vies, combien de paroles manquées, de vérités dissimulées, d’ambitions déplacées font croire qu’il est désormais trop tard. Trop tard pour se réconcilier, trop tard pour reprendre contact, trop tard pour en parler…

Les Karens ont un rite, vestige utile de l’antique religion des esprits, pour provoquer la réconciliation. Certes un peu compliqué et pas mal contraignant mais il a le mérite d’exister.

Au jour fixé par le conseil des anciens et après que le village eut dépassé quelques bornes, tous les villageois se réuniront à l’église, ils se confesseront et l’exception n’est pas tolérée. Tous assisteront à la messe puis une procession circulera de maison en maison pour les bénir. Seuls quelques cochons s’abstiennent car ils rôtissent allègrement pour le banquet final. Chacun est invité à oublier les griefs du passé. La paix est à ce prix. Et non il n’est jamais trop tard.

Ce mois-ci deux villages ont organisé ce rituel. Et il faut goûter l’épaisseur de l’amitié retrouvée dans ces minuscules villages isolés pour comprendre ce que le christianisme apporte aux Karens.,

À vous tous un été de paix. Et puis non, il n’est jamais trop tard. Qu’on se le dise !

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