Édito :

La soirée Karen accuse. Je parle d’une soirée ordinaire, celle d’un soir de travail ou les corps fatigués guettent le repos après la prière. Les plus inspirés s’installent sur la véranda une cigarette au bec et tutoient les myriades d’étoiles à portée de main. Les autres, le grand nombre, s’installent devant la télé et grignotent des chips face aux malheurs du monde qui défilent. Demain reviendra.
Sommes nous révoltés par notre indifférence ? Indifférence aux étoiles, au sort des autres ?
C’est peut être cela l’Esprit de Pentecôte et la nouveauté de Jésus : se laisser transformer et sortir de l’indifférence.

Juin

Le covid a fini d’inquiéter. Aucun cas dans nos villages ne s’est déclaré et c’est un énorme ouf de soulagement. La prudence reste de mise : on demeure méfiant mais du voisin d’ailleurs. Rien à craindre de ceux d’ici.

En ville, on anticipe une éventuelle seconde vague et les clients des magasins importants doivent déclarer un numéro de téléphone portable qui sera interrogé en cas d’infection avérée.
Dans les villages, la vie reprend donc normalement : on retrouve nos églises, les écoliers leurs maîtresses, les ballons de foot leurs terrains… mais covid ou pas covid, il faut planter le riz. Fi des distanciations, les karens, le front courbé sur les sillons, s’emploient à ensemencer les versants abruptes des collines dominant leurs maisons. Un labeur sans nom et des parcelles si torturées qu’on se demande quel rendement épongera tant de sueurs…
On plante une croix et on confie tout cela à la providence.
Les travaux collectifs d’amélioration des villages avancent : la mission apporte un tiers du budget et les villageois se cotisent pour financer les deux tiers restant. À Maewe, 4 tranchées d’évacuation des eaux de pluie, a Maesapao un beau tronçon de route cimentée, à Maepleta un autre encore plus long !
Pâques est aussi le moment des remboursements des micro-crédits. Aucune défection à signaler et d’autres villageois, forts du remboursement responsable, ont pu à leur tour emprunter sans intérêt pour une année.
Enfin, il faut signaler l’installation d’un coiffeur à Maewe grâce à une bourse d’entreprenariat. Une autre bourse, belge celle ci, devrait permettre la réalisation d’un four collectif et de lancer une pâtisserie ! Est-ce qu’il y aura la queue après la messe du dimanche ?
Enfin au chapitre des chantiers, il fait signaler la nouvelle église de Maeloui. Dédiée à St. Louis Marie Grignon de Montfort. Elle est bien pimpante mais devra attendre quelques mois la venue de l’évêque car la saison des pluies rend si glissante les routes qu’il faut un brevet de patin à glace qu’il n’a pas pour les emprunter.

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