Édito mai 2021 – Une foi de fil !

Sa jeunesse fut pleine de vent. Aujourd’hui à la veille de se marier, Sanan se confie et s’interroge : est-il un bon chrétien ?

Tous ceux qui le connaissent répondraient un bon oui massif : il fréquente la maison du Seigneur, il écoute les sermons sans bailler, prie pour ses morts et fait quelques offrandes. Mais à quand remonte sa dernière confession ? Il l’a oublié !

Il l’admet : sa foi est comme sa tunique karenne. Elle est belle et il la porte joyeusement sans l’avoir choisie. Sa mère l’a tissée pour lui. Il a obéi aux préceptes, surtout ceux qui ne lui coûtaient rien ou peu.

Demain, c’est sa femme qui tissera sa tunique. Et sa foi ?

« Pado, je vais m’engager, promis ! ».

Belle préparation à la Pentecôte.

La chronique d’avril

Ça y est les élèves dansent sur des cahiers désarticulés et des livres décomposés qu’on vendra au recyclage à un prix ridicule et peu proportionné à l’ennui qu’ils ont généré ! C’est les grandes vacances.

Les écoles ont fermé et les centres restent silencieux. Les élèves vivent au village, joyeux d’une liberté retrouvée, même si les travaux lourds des champs réclament leurs bras dès qu’ils ont quelques biceps.

On célèbre Pâques et le camp catéchisme devait réunir jeunes et enfants pour préparer confirmations et premières communions.

Mais le covid s’est invité ! Il a bousillé nos plans sans préavis comme il sait admirablement le faire.

A l’invitation d’une école de montagne, des étudiants d’une université de Chiang Mai sont venus animer la fin de l’année scolaire de leur enthousiasme. De leur bêtise aussi puisque l’une d’elle, une vraie nouille, apportait le virus. Ni masque, ni gel mais des chamalow pour tous ! Jusqu’à ce que la fièvre la prenne et que le virus s’identifie. La peur fut sans nom et l’armée a bouclé tout le secteur. Les villageois ont tous été testés et il semble qu’un seul soit touché. Ouf ! Une belle leçon pour ces étudiants qui n’avaient pas hésité à enfreindre la loi qui interdit de quitter sa province.

Cet incident stimule la vigilance des Karens qui s’amollissait dangereusement. Il est vrai que nous n’avons pas connu de cas jusqu’à aujourd’hui.

Les célébrations de Pâques ont été perturbées et les derniers feux de la vigile seront bénis le 25 avril. Ça fait un fameux carême pour ces villages de l’Alleluia retardé !

Le traditionnel camp catéchisme a été annulé et dispersé en mini camp sur 5 sites. L’évêque a donné permission pour donner la confirmation. Le Pado ne se sent plus ! Rêve-t-il d’une mitre ?

Des sœurs de st Paul de Chartres sont intervenues au même moment pour des camps en direction des jeunes. Ils ont réfléchi à leur rôle missionnaire au cours d’une longue marche dans la nature en transportant les œufs frais du déjeuner. Pas d’omelette sur le chemin. La consigne était claire : notre foi est comme un œuf à protéger ! Pas besoin de long discours pour comprendre…

Plus de 50 enfants ont reçu confirmation et première communion tandis qu’une centaine de jeunes profitaient de ce temps de réflexion.

Une équipe logistique digne d’Amazon veillait sur le bon déroulement et le transport des intervenants comme du matériel.

Un casse-tête à vrai dire car il a fallu s’accommoder des premières pluies violentes. Elles arrivent habituellement plus tardivement dans la saison. Comme si le virus ne suffisait pas !

Dans les villages, les forces vives procèdent au brûlis. Un lourd travail qui mobilise les villageois sur de longues journées. Il faut d’abord construire les coupe-feux. Ce sont de larges fossés d’environ 4 m de large qui contiendront les flammes dans un périmètre de sécurité. Puis viendra l’embrasement qui entoure la région d’une épaisse fumée, et le soir venu d’immenses serpents de feu enserrent les montagnes.

On profite des grandes vacances pour les travaux d’entretien nécessaires : toitures à réparer, plomberie à colmater… Des tâches qui dans nos conditions réclament beaucoup d’énergie.

La rentrée des classes est prévue le 17 mai. Le virus sera-t-il d’accord ?

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