Édito d’octobre – mois de la mission
Jésus se méfie du triomphe. Sans cesse, il réclame le silence sur ses actes de prodige. Mais il n’est pas venu non plus pour échouer. Alors il parle. Il parle à tous, à chacun. Il parle aux enfants qui jouent sur la place, aux rameurs dans la tempête, aux foules qui ont faim…
Il veut être quelqu’un pour chacun.
A nous d’en vivre, à nous de le dire !
Retour sur le mois de septembre
Le virus
L’agenda est à bout de nerfs : changements, contre ordres… Le covid nous oblige et là où il se pointe, on doit plier.
Il est arrivé à Maetowo alors qu’on s’imaginait sorti d’affaire grâce aux vertus du vaccin !
Les campagnes massives de vaccinations n’ont pas exclu les karens. La proximité de la frontière birmane en est la cause, ainsi que les pauvres performances hospitalières du secteur. Maewé obtient le meilleur score du nombre de vaccinés, Maeoulaklo partage avec beaucoup la dernière place ; aucun vacciné parce que des rumeurs surgissent de partout et promettent un avenir aussi court qu’incertain à ceux qui auront accepté l’injection. Le délai varie de 5 minutes à 2 ans. Rien de bien long !
A Maetowo, les assemblées protestantes maintenues malgré la loi nous valent un solide cluster dont les autorités sanitaires peinent à contrôler l’expansion. C’est au tour des professeurs de l’école d’être contaminés, renvoyant à un futur toujours plus lointain la réouverture du collège !
Les écoles
Les élèves Karens qui se lamentent de la fermeture des écoles se comptent sur les doigts d’une demie-main. Et s’ils expriment un regret, c’est les copains ! Étudier on-Line est impossible donc les profs font parvenir des exercices à faire, un peu sur le modèle d’un cahier de vacances. Chaque élève reçoit une magnifique pochette plastique contenant les exercices exigés. Aucune menace d’usure pour ces pochettes dont on avait peur qu’elles fassent la joie d’archéologues dans quelques décennies.
Nous avons donc organisé un planning de visites aux élèves avec des sessions de travail en commun et des soirées d’étude… Enfin les pochettes étaient ouvertes. Et les devoirs rendus !
Des mariages
La panique cède partout. Et plusieurs familles ont décidé d’anticiper les mariages plus ou moins programmés. En Europe on les retarde, et ici on les avance. Totalement inhabituel en saison des pluies, plusieurs jeunes convolent. D’abord c’est une aubaine économique pour certains : peu d’invités possible, c’est peu de frais ! Il n’y a pas de petites économies. Mais c’est là le fait d’un seul, grand radin devant l’éternel. D’autres profitent du retour des jeunes au village pour cause de chômage pour arranger leurs mariages. Ce sera d’ailleurs probablement la dernière génération de mariages arrangés dans notre secteur. Les jeunes interrogés confirment le choix des parents et acceptent la décision sans révolte, comme libérés d’un choix trop difficile.
Les travaux des champs
Les Karens s’épuisent aux lourds travaux des champs. Le riz habille les vallons. La pluie abondante semble annoncer une belle récolte. Ce mois de septembre est ponctué de prières dans les champs. Mais sur un format familial, sans grandes assemblées : on demande à Dieu de veiller sur la croissance des plantations et l’humeur des nuages.
Nos sœurs de Maepon
La vocation de nos sœurs est malmenée. Recluses dans les centres de Maepo et de Maetowo, elles ont longtemps ajourné leur vaccination si bien que les villages préféraient qu’elles ne les visitent pas. Sans sortie et sans enfants, la vie dans les foyers est bien austère pour ces femmes consacrées à l’évangélisation. Pour pallier l’impossibilité de rencontres générales à leur maison mère et donner du baume au cœur à chacune, leur supérieure générale a organisé une réunion on-Line. Un fiasco total ! Les unes cherchent encore le réseau, les autres naviguaient sur une application concurrente et celles dûment connectées le jour J ont embrouillé les voix par des clics débridés. Elles ne s’entendaient plus !
Maintenant vaccinées, elles vont pouvoir à nouveau circuler. Ouf !
