Tous pélerins

Le mois d’août nous parle de Marie. Il nous parle un peu de nous aussi. Il nous rappelle en fêtant Marie que les petits, les « sans gloire » ont droit à la lumière. Un fameux tableau du Caravage conservé dans une église de Rome nous le rappelle. Des pèlerins, un couple, arrivent au sanctuaire marial de Lorette. Point de lourds pourpoints ou de riches velours mais une rude pelisse, un bâton et une gourde puis des pieds bien écorchés. La vierge les accueille à la porte du sanctuaire appuyée sur le montant de la porte pour reposer sa hanche qui porte l’enfant Jésus, et puis elle attend depuis longtemps. Qui sont-ils ces pauvres ères attendus ?

De riches donateurs en fait, que le peintre a osé représenté tel que nous sommes aux yeux de Dieu : de pauvres pèlerins.

C’est chacun de nous. Que la fête de l’assomption soit la halte bienfaisante sur nos routes parfois sinueuses.

La Madone des pélerins - Caravage

Retour sur le mois de juillet

On devrait dégouliner. Les grenouilles, alertes et crillardes depuis les fosses ou les grils des affamés, manquent à l’appel. Il ne pleut pas. Pas assez ! Les rizières tirent la langue. Et tous craignent une mauvaise récolte.

A vrai dire les rizières non inondées plantées à flanc de coteaux (les plus nombreuses) se portent bien. Elles s’accommodent des pluies modestes du moment et prospèrent quand leurs cousines inondées où le riz pousse les pieds dans l’eau périclitent faute d’averses abondantes.

On attend, on espère, on prie.

Les élèves terminent leur premier mois de cours avec la nonchalance de badauds sans argent, errants dans un immense marché. Ils vont en cours un jour sur deux pour alléger les effectifs des salles de classe et les ramener aux quotas autorisés. Les groupes alternent et chacun reprend le fil de l’enseignement là où l’autre l’a laissé. Aucun n’a la totalité des épisodes et le soir la salle d’étude donne lieu à des échanges assez comiques.

Ces mesures extrêmes veulent nous préserver d’un virus encore absent.

Dans les villages, la vie a repris son ordinaire. Les musclés sont dans les rizières, les villages vivent au rythme des cris de l’école. Les anciens restent à la maison et font bouillir la marmite.

 

Nos volontaires envisagent leur départ. Briac a quitté Maewe. Les Karens répugnent à dire au revoir. Comment esquiver le moment où il faudra se quitter pour peut-être ne plus se revoir ? Ils ont des ruses qui peuvent nous laisser pantois ! Comme simuler de partir pour son champ, la bêche coincée sur l’épaule, et lancer un salut de la main, comme à l’ordinaire, destiné à celui qui les quitte. Ces coutumes déroutantes veulent économiser les larmes et les effusions qui feront souffrir. Des fêtes pour remercier sont toujours plus ou moins secrètement organisées, si bien que souvent seule la date reste une surprise. Elles sont l’occasion d’exprimer des talents parfois insoupçonnés. Qui aurait osé parier que les femmes de Maewe reconstitueraient le concert d’une star du rock avec sa troupe de danseuses pour dire au revoir à Briac ?

Ceux qui sont plus âgés que le volontaire viendront symboliquement lier un brin de coton autour de son poignet pour signifier que l’amitié est liée et que rien ne pourra la briser. En nouant ce lien, on prononce des paroles de bénédiction.

Un mois de juillet classique où le quotidien engendre son lot de joies et de surprises !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Publier des commentaires