Isolement

Il y a longtemps qu’il n’avait plus peur du loup ! Seul le fisc l’effrayait encore… Le corona a eu raison de son assurance. Confiné par ce minuscule ennemi inattendu, il a alors pensé à ceux qui n’avait pas de chez-soi pour s’isoler, ceux dont l’espace est partagé par tous : les pauvres. Ceux des bidonvilles indiens, ceux des camps de réfugiés, ceux des villages Karens…

Alors il a prié pour eux avec eux, se souvenant de ce vieux moine qui faisant visiter son monastère à un missionnaire  lui désigna la fenêtre du cloître : voilà l’Afrique, voilà l’Asie !

Au fil des jours.

Retour sur le mois de Mars.

Si habituellement le mois de mars augure la joie, celle des grandes vacances pour les écoliers, les congés annuels pour les ouvriers, cette année déroge. Le corona n’est plus la lointaine menace dont on se pensait heureusement oublié ! Il arrive et la situation économique du pays accélère sa diffusion. Confiner Bangkok, c’était mettre au chômage des milliers de personnes qui n’avaient plus d’autres ressources que le retour au village. Plus de 80 000 personnes prenaient d’assaut les bus pour regagner leur province.

Alors dans les villages Karens, heureuses oasis jusque là préservées, la panique s’est invitée. Les consignes de prudence et les mises en quarantaine se heurtaient à l’inconscience des citadins libérés, joyeux comme des conscrits victorieux. Ils n’écoutent que leur joie du retour au bercail. Alors célébrera t-on Pâques dans l’allégresse ? C’est pile dans 14 jours…

Pour l’heure, la mission de Maetowo est strictement confinée, abritant les volontaires qui poursuivent leur service autrement. Ça fuse, ça pense… On y prépare l’avenir et on y piaffe.

Le Pado tourne dans les villages avec des bidons d’eau de Lourdes et des bouteilles d’alcool pour les mains. Plus de liturgie dans les églises mais une diffusion par haut-parleurs : nos célébrations on line à nous.

Notre communion de prière et d’amitié avec vous n’a jamais eu autant de sens.

Pado Alain – 2 avril 2020