Édito de décembre

Notre temps et ses tourments répandent leurs férocités et dévoilent nos illusions. Fatigues, découragements se succèdent jusqu’à perdre la joie d’exister pour certains.
Que faire ? Le sentiment d’impuissance nous gagne. On voudrait une recette, un Aladin frottant sa lampe merveilleuse.
Un nom pourtant nous rassure. Un nom qui va au plus profond de nous-mêmes, un nom pur parce que de feu, un nom remède. Le nom qui se révèle à Noël. Le nom de Jésus.
Le nom qui nous aide à surmonter la confusion et nous met en chemin.
Dans la bourgade où notre mission a son centre, les villageois bouddhistes connaissent bien la maison et la désignent comme “maison du Christ”. Pas la maison des chrétiens, non la maison du Christ. Pas moins ! Voilà qui oblige les habitants de la maison du Christ et les invite à s’enraciner dans ce nom.
Bon temps de l’avent.

Retour sur le mois de novembre

Le covid

La vaccination se poursuit vers les villages récalcitrants. Ici, pas de certificat mais les vaccinés sont enregistrés avec leur numéro d’identité. Les non-vaccinés n’ont plus le droit de pénétrer dans les administrations, les banques (d’état)… c’est radical.
Le village de Maelabu refusait le vaccin : un fonctionnaire de la sous-préfecture doublé d’un militaire et des infirmiers en blouse blanche ont fait une descente, appuyés sur un discours sévère. Du coup tout le monde a tendu le bras : « nous, refuser le vaccin ? Mais enfin jamais de la vie ! On n’était simplement pas au courant des dates de vaccination sans quoi nous y serions tous allés !!! »

 

La moisson

La moisson est quasi finie, du moins pour les rizières de montagne, reste les rizières inondées. La récolte est globalement bonne et abondante. Ouf ! Pas de débouché cette année pour le manioc qui s’échange à 11 thb le kilo contre plus de 100 d’habitude à cette période de l’année ! Covid oblige, la plante s’exporte vers la Chine dont les portes sont fermées. Petite échappée du cours du piment qui ne compense pas mais permet de garder le sourire.

 

Inspection

Lundi dernier, branle-bas de combat à Maewe. Une inspection de l’école se décide en moins d’une semaine et au plus niveau : un haut fonctionnaire du ministère vient en personne visiter une école du réseau catholique karen. Maewe est retenue. Cri du cœur du Pado : “et merde ! “.
Donc gros boulot de mise en ordre des documents et des lieux dans une école fermée depuis 6 mois ! Le plus gros labeur sera de faire disparaître de la salle des profs tout ce qui pouvait lui donner des allures de salon de beauté et des airs de cuisine de campagne ! Out les miroirs dans les placards, les catogans dans les tiroirs et les condiments ouvertement exposés sur les tables. Le Pado sera sans pitié : ni crème ni onguent ! Tout cela débarrassé, la salle est désespérément vide. On a l’impression qu’on vient de finir de poser le carrelage et de la livrer tellement elle semble sans vie. Lui redonner un look de salle des profs sera le second chantier : on met des calendriers au mur, des circulaires et des classeurs en évidence…
Les élèves de Maetowo peaufinent un petit spectacle d’accueil. Manirat fera le discours ainsi que Philippa au nom du village.
Tout s’est bien passé et l’inspecteur était bien impressionné, totalement médusé par ce qu’il avait en face de lui. Il s’attendait à des gamins souillons contenus dans un joyeux à peu près. Grande tenue pour tous ! L’inspecteur s’est dit impressionné par l’école et le village, la nature… Une importante réunion suivra avec des représentants de différents corps impliqués : la reconnaissance comme école libre subventionnée pour toutes nos écoles de montagne nous est ouverte. Voilà une belle reconnaissance. Nous avons 120 jours pour réunir un semi- remorque de papiers pour valider ce statut. Enfin seulement, on débouchera les bouteilles mais chaque chose en son temps.

 

Noël et Ombeline

Noël cette année sera discret puisque l’on n’ira pas trinquer chez les voisins. Maesapao s’est donné la pression d’un concert et on répète en boucle la chanson repérée sur YouTube. Ce sera LA chanson. Aux répétitions ne restent plus que les filles et les musiciens d’astreinte ! On va reboosté tout ça.
A Maewe grande superproduction orchestrée par notre nouvelle volontaire : le livre de la jungle. Ombeline est arrivée la semaine dernière à Maewe et fait connaissance avec le village. Elle a déjà sa tenue et son nom. Bonne mission Ombeline !
Elle peut compter sur le soutien de Timothée à Maetowo, vif et alerte bien que sans élèves depuis 5 mois.

 

Menu de circonstance

Aux abords de la cabane, aucun bruit. Les vélos jetés en vrac sur une perche de bambou abandonnée attestent la présence des enfants. Pas un bruit pourtant. Très étrange. Personne dans les champs, ni au près ni au loin. De la maison, le bruit singulier de la machette qui retombe en saccade sur le billot couvre les bruits de la nature. On tue un cochon ?
Dans la cabane, l’assemblée silencieuse et compacte se contente de contempler. Lui au billot, elle au fourneau. Yukipu débite un énorme python et dégage le poulet qu’il venait de s’empiffrer. Yukipi a préparé ses casseroles et les herbes aromatiques. On mangera le reptile mais avant on fera aussi un sort au poulet dont l’affreuse bête s’était saisie s’en avoir eu le temps de s’en repaître ! Les enfants contemplent interdits ce spectacle.

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