Des hommes sans le Christ.

Fin 1962

Le Père Mirco effectue son troisième passage à Maewe :

« Après la saison des pluies je revins au Soumrai pour la troisième fois. Manifestement, depuis des mois, personne n’était passé par là, la végétation avait recouvert le sentier. Ce fut à le force des bras qu’il fallut s’ouvrir un passage. Nous arrivâmes à Maewé avec la nuit, épuisés. « Quel sale sentier ! » m’écriais-je. « Père » me dit le vieil Oubala « tu ne savais pas évidement : depuis que les tigres ont dévoré deux hommes, personne n’ose plus passer par là ».
Malgré les Esprits dérangés la récolte de mon hôte était superbe et tous les catéchumènes bien portant. Aussi deux familles et une veuve avec sa fillette de huit ans se convertirent-elles au village voisin. Dans Maewé même personne n’osa bouger, le Maire menaçant de représailles quiconque se convertirait. C’est un homme redoutable, je l’appris à propos de la veuve récemment convertie. Le mari de cette femme passait pour jeter des sorts. Le Maire l’invita chez lui, l’enivra avec de l’alcool de riz puis, se saisissant d’une bûche, il l’assomma proprement.
Ce cas d’exécution n’est pas unique. Une catéchumène m’a raconté en baissant la voix qu’elle avait été dans sa jeunesse témoin de deux mises à mort : celle d’un polygame, lapidé par les hommes du village et celle d’un voleur notoire, fusillé dans la forêt. Dans ce pays où la police ne fait que de rares apparitions les gens défendent l’ordre plus efficacement, il faut l’avouer, que les policiers eux-mêmes. Ici pas de voleurs, pas d’opiomanes non plus. Heureux pays ! »

Portrait Homme Karen 1965

Toutes les chroniques de "La mission se raconte !"

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Publier des commentaires