Carême chamboulé :

Tout avait démarré cette année de manière habituelle. Les cendres reçues comme tous les ans par les chefs des chrétiens à Maetowo allaient lancer dans ce long marathon chacune des communautés. Quarante kilomètre à parcourir à genoux, les mains et les yeux levés vers le Ciel et l’Espérance de la résurrection. « Convertissez-vous et croyez en l’Evangile ».

Quoi de plus clair que ces paroles ? Quoi de plus beau que de se donner des exemples de sainteté ? La catéchèse de ce pèlerinage est nourrie par les figures de quatre grands saints qui se sont faits humbles et pauvres. Ils nous poussent à une chose : suivre le Christ sans concession.

Les quatre premiers dimanches se déroulent comme prévu. Mais le dimanche suivant, la crise sanitaire surprend d’une crampe tous les coureurs. Certains tombent, d’autres chancellent et continuent la route, mais l’esprit de communauté fait surtout que l’on se prend la main pour poursuivre obstinément vers ce même objectif. Le Seigneur sait jouer des circonstances. Le hasard n’existe pas. La route de la sainteté est longue, et les épreuves sont un moyen pour faire grandir l’ardeur.

Pâque à Maewe

Pâques :

En lieu de mission, les grandes fêtes sont célébrées en communautés. L’importance de la célébration passe avant les modalités du calendrier. Aussi, le Pado passe habituellement dans chaque village pendant plusieurs semaines pour célébrer la Résurrection. Mais comme partout, on a dû s’adapter. Tout le monde n’a pas internet ou la télévision, et il serait impensable que les plus pauvres soient privés de leur plus grand trésor. Tout est donc fait à distance, de l’absolution à la bénédiction de l’eau bénite qui est vitale pour ces catholiques. Mais le sommet reste bien sûr la messe de la vigile, dite en petit comité chez le chef du village qui possède l’outil clé pour la retransmission : le micro des hauts parleurs du village. Tout ce dispositif inhabituel a permis à ce peuple d’être touché par la grâce de sa résurrection. Le Seigneur nous a légué son plus grand outil de télétravail : l’Esprit Saint. Une merveille !

Semaine Sainte :

Elle était prévue à Maewe comme chaque année, mais on a une fois de plus dû rompre avec nos habitudes.

Jeudi Saint, messe unique en son genre, trois fidèles et deux micros pour une église vide. C’est ignorer que chaque foyer s’uni par la prière aux différents offices. On suit Jésus à la voix et on lui ouvre nos cœurs. L’adoration au reposoir a lieu, alors chacun sort de chez soi, déroule sa natte en direction de Jésus Hostie, et se recueille. La prière est intense.

Vendredi Saint, les villageois se rapprochent de l’Eglise, sur les rochers le long de la rivière pour se faire plus proche du Christ lors du chemin de croix, mais restant éloignés les uns des autres pour respecter les distances de rigueur. Un moyen de méditer sur la solitude de Jésus, abandonné des siens lors de sa Passion.

Le village devait célébrer Pâques ce soir comme dans beaucoup d’endroits du monde. La fête promettait d’être belle mais on a troqué les mets de réjouissance avec des masques et quelques médicaments distribués. Le Pado est parti célébrer autre part, tant que les villages sont encore ouverts. Et dimanche, messe de Pâques en Karen en direct. On n’arrête pas le progrès !

Reposoir

1 Commentaire

  1. Bonjour,

    Très heureuse de lire ces bonnes nouvelles de la mission, très heureuse pour vous tous de ce magnifique voyage à Rome, de votre rencontre avec le Saint Père. Cet évènement ne peut être qu’une ressource de lumière et de vie pour cette période pascale, qui nous fait retrouver la famille et le chez soi comme lieu de célébration !!

    Je vois que Pado Alain est toujours aussi dynamique ! Que vous déployez toutes les astuces possibles pour célébrer de belles fêtes. Cela fait plaisir ! Que votre belle et riche nature vous aide pour cette période de confinement !

    Prenez grand soin de vous, surtout des autres. Si chacun protège chacun, alors on peut faire beaucoup de choses.. Soyez extrêment prudents, car ce virus est vraiment méchant !!

    Meilleures pensées, et bravo pour ce site qui permet de garder quelques nouvelles malgrè la distance, l’éloignement et le silence. On aime bien savoir que chacun va bien, et de voir la vie à Maewe.

    Jeanne

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