Pour le commun des Thaïs et de nombreux autres, les Karens sont des réfugiés birmans qui ont fui la guerre civile. À défaut de maquis, ils ont traversé la rivière et squattent la forêt thaïlandaise en y campant leur nouveau village il y a 30 ans tout au plus.

Il n’en est rien : ils sont arrivés sur ses flancs il y a quelques siècles. « Mes ancêtres étaient là avant les autres » osa dire un Karen au fonctionnaire qui visitait son village. Le pauvre Karen passait pour malotru. Il rappelait simplement pourtant que les Karens de Thaïlande ne demandent pas la charité d’une terre où vivre puisqu’ils sont chez eux ! Faire reconnaître ce droit et lutter contre le mépris qui l’accompagne est un long combat. Les Karens de Thaïlande  peu formés aux luttes politiques font souvent pauvre mesure.

Liés à leurs villages dont ils parlent comme un fiancé loue sa belle ou un gentil fils sa maman, les jeunes Karens n’ont qu’une idée c’est de le quitter ! La liberté des grandes villes surpeuplées, la modernité et ses technologies… happent les jeunes pour un temps. Ils y grillent quelques plumes et reviennent au village avant de finir carbonisés… L’intégration a un prix et n’est possible qu’avec l’accès à une éducation de qualité. Un défi dans ces villages reculés.

Une question se pose alors : comment permettre à ces villages de continuer de vivre sans fabriquer des réserves de Karens qui font pousser des trémolos d’émotions aux rares visiteurs occidentaux ? « Ils sont si pauvres mais si heureux ! » s’exclament-ils sans rire. Pour rendre ces villages habitables, il faut les ouvrir et leur permettre d’accéder au nécessaire : la santé, l’éducation, l’accès à un métier pour vivre .

Des défis ? Une mission ! C’est le quotidien dans la montagne, le leur et le nôtre !