Édito de janvier

La joyeuse série de nos noëls karens aurait déçu les gourmets et réjoui les chercheurs de sens. Car la précarité de nos tables souligne l’abondance de l’amitié. Certes les tiroirs-caisses sont tenus à l’écart, mais pas les amis, les voisins, les visiteurs. Dès lors un rien nous comble.  Et si on se soucie peu des papilles, les gosiers eux trouvent leur compte !!!

Oserons nous choisir une certaine précarité pour redécouvrir l’abondance qui sauve : celle du cœur ? Regardons la crèche: elle inspirera nos choix pour 2024.

La chronique :

Toutes les énergies du mois de décembre sont mobilisées pour préparer la fête de Noël. La tournée qui nous poussera de village en village ressemble à un étrange Barnum. Le pick-up déborde d’un amas hétéroclite et invraisemblable : enceinte, encensoir, lots et friandises en tous genres, couvertures, une malle de matériel électrique… De quoi célébrer, jouer, animer, faire du cinéma…

Dans chaque village, on dresse une scène en bambou proche de l’église. Elle convoque tous les talents disponibles. Chaque génération s’y risquera. Le plus attendu reste cependant la pièce de théâtre des hommes. La dérision du ton brocardera sans pitié l’un ou l’autre villageois et déclenchera une hilarité unanime. Les femmes dansent, les petits sautillent l’œil hilare, les ados se déhanchent feignant une indifférence blasée. Certains danseurs goûtent l’opportunité et n’hésitent pas à prendre en otage un public docile en imposant des séries de danses où seule la musique change!

Les amis de Bangkok n’ont pas manqué à l’appel et ont rempli 965 sacs cadeaux à destination des enfants Karens. Quelle fête quand les petits ouvrent ce sac!

Le temps de l’Avent s’enclenche par le traditionnel « Sweet December ». Le premier dimanche de l’avent, un grand concours de chants de Noël voit s’affronter centres et villages. 9 groupes arrivent en finale soit tout de même plus de 250 jeunes. Maetowo joue l’audace et gagne ses points en un chœur inédit… d’harmonica qui masque astucieusement que les 2/3 du groupe chantent faux. Tout cela grâce à Aymeric.

Les plus jeunes, c’est Maewe !  Rien ne les impressionne et la carte charme est leur jocker. C’est vrai qu’on se demande quel accord pourra sortir d’une main qui à peine à tenir le manche d’un instrument qui semble dix fois trop grand! Et là on est bluffé…

Les pensionnaires dominicaines arrivent dernières. Un moment donné la tchatche ne suffit pas. Sauf si on est dominicain, mais pour les pensionnaires…

A Maesapao, Noël résonnait comme une deadline. Chacun savait qu’on ne grignotera plus des délais jusque-là arrachés au climat, aux circonstances. Le Pado a prévenu : on y va ! Pourtant tous les experts nous ont lâchés et les techniciens compétents se sont rétractés. On convoque le génie de la débrouille du village. C’est vrai qu’il est habile et on ne s’étonnerait pas qu’il transforme un vieux grill pain en moissonneuse batteuse ! Elle est posée en deux jours de temps sur la petite rivière qui traverse le village. La turbine hydraulique n’est plus un rêve. Et ça marche ! Reste quelques ajustements qui attendront que Noël soit passé. En attendant la crèche brillait de mille feux.

Le sort des écoles catholiques de montagne nous agite. Nous rencontrons notre député. Il nous soutient, Chacun active ses réseaux plus ou moins corpulents. L’administration refuse pourtant de nous recevoir et s’entête dans une décision injuste. Il semble cependant qu’elle ne s’appliquera qu’à la prochaine rentrée scolaire alors qu’on nous menaçait d’une fermeture immédiate. Cela nous laisse le temps de déployer des solutions qui nous permettront de maintenir les écoles sans avoir à brader notre liberté. Ouf !

Comme sœur Anne, nous attendons… Les rumeurs se nourrissaient de bons tuyaux, se targuaient de confidences en haut lieu, se paraient de sources imparables. On donnait des noms. On avançait des dates. Mais nous, on attend toujours un nouvel évêque.

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