Le secteur de Maetowo de la Mission Catholique Karen est frontalier. Sa population est mixte : des Karens dans les villages de montagne et des Thaïs beaucoup moins nombreux  dans la vallée. Les chrétiens sont exclusivement karens.

Frontalier avec la Birmanie sur sa tranche ouest, puisqu’il longe sur 60 km la rivière qui le sépare de ce voisin au destin si chaotique et douloureux ces dernières années. Frontalier au nord et à l’est avec la province et le diocèse de Chiang Mai. On y parle un karen un peu différent, qu’ils écrivent avec un alphabet; lui, totalement différent.

Les catholiques forment une minorité active : 4 villages sont entièrement chrétiens et dans 8 autres ils sont assez nombreux pour y accueillir une église. Enfin, on compte des chrétiens dispersés dans une multitude de villages. Maetowo est le centre du secteur, ce qui est paradoxal pour une petite ville située à l’extrémité sud et implique des distances à parcourir souvent importantes. En moyenne une heure de route est nécessaire pour rejoindre chaque communauté en saison sèche. En saison des pluies (juin- octobre) on ne compte plus !

Ainsi sa situation géographique a marqué l’histoire du secteur. Parlons par exemple de la guérilla karenne en Birmanie à une jetée de pierres et l’afflux de réfugiés qu’elle a engendré, ou encore un développement économique retardé propre à ces régions reculées qui ne sont pas dans la bonne préfecture ou trop loin de la leur !

Les communautés sont joyeuses et veulent vivre leur foi dans le respect de leur identité karen. On chante en karen, on prie en karen, on travaille en karen !

Du sur mesure, de la haute couture où l’on sert indistinctement les grosses, les maigres, les trapues ou bien les chétives, les musclées sans cervelle ou les cérébrales ? On parle bien sûr des communautés chrétiennes. Chacune vit son rythme et son histoire au gré des circonstances  qui tantôt lancent tantôt retardent.

Depuis juin 2022, Mgr Joseph Pibul Visitnondachai, évêque de Nakon Sawan, a divisé le secteur pastoral en deux:

  • Au père Alain la montagne.
  • Au Brother David les villages desservis par la route 105.

En janvier 2023 à la suite de l’hospitalisation du brother, le Pado a repris la responsabilité de l’ensenble du secteur.

La plus ancienne des communautés, c’est Maewe. Totalement catholique à l’exception d’une unique famille devenue bouddhiste. Le village locomotive entraîne et donne le rythme. Maewe compte 8 villages satellites dans son orbite direct, fruit de son rayonnement.

Maesapao fêtera cette année le cinquantenaire de son évangélisation. Un événement qui se prépare pour la communauté villageoise qui se confond avec la communauté catholique puisque tout le village à deux exceptions près suit Jesus. 5 villages autours ont emboîté le pas mais plus discrètement. Ce sont de minuscules communautés sans chapelle dans le village.

Maeomki à très vite profité du témoignage de Maesapao. La moitié du village est devenu chrétienne. Aussi les catholiques se sont rassemblés dans un même quartier pour s’épauler facilement dans la foi. Le coin d’un de leur jardin abrite aujourd’hui leur chapelle. Maeomki enfanta Maepo. A vrai dire les chrétiens de Maepo ont dû quitter leur village d’origine Maewaluang. On craignait que leur foi nouvelle perturbe les esprits tutélaires toujours un peu revanchards quand on touche à leurs prérogatives.

Les Karens de Maepo sont Karens mais d’un sous groupe ethnique qui les distingue des autres villages. Aujourd’hui totalement assimilés, ils conservent des traits culturels qui sans les isoler les rendent particuliers.

Maepleta grandit dans la foi de son côté. Normal au vu de son isolement. Longtemps sans route et sans pont, il y a encore 10 ans seul le bateau acheminait vivres et visiteurs à Maepleta. Totalement catholique aujourd’hui la communauté rayonne et 3 autres villages ont emboîté son pas.

Maeloui, situé géographiquement dans la province de Mae Hong Son et donc dans le diocèse de Chiang Mai, les habitants ont demandé comme la communauté de Maepleta, toute proche, à appartenir au secteur du Pado et donc au diocèse de Nakon Sawan. Personne n’y a fait obstacle.

Au bout du bout en s’y rendant en bateau, il y a Maeweta avec une petite communauté chrétienne très fervente. Soucieuse d’éduquer ses enfants et de maintenir une belle foi, la communauté chrétienne se distingue dans ce village majoritairement bouddhiste et lui donne ses leaders. Depuis décembre 2022, la communauté peut enfin se réunir dans une belle église en bois, la dernière de ce type probablement.

Oupouta est catholique au deux tiers et très largement constitué de Karens réfugiés birmans. Son histoire est celle d’un drame. Les villageois d’Oupouta ont fui la guerre contre la junte birmane, beaucoup des hommes étaient soldats du KNU (Karen National Union, un des principaux mouvement de rebelles karens en Birmanie). Évidement cela forge un caractère. Village un peu marginal parce que parachuté par les circonstances et intégré plus tardivement dans le tissu local, son rayonnement est limité. Il a fallu survivre. Ce poids de l’histoire continue de peser: Peu éduqués, moins liés aux autres villages, on avance d’un pas différent à Oupouta.

3 villages gravitent pourtant autour, souvent parce qu’un homme d’Oupouta y a pris femme.

Maetowo a longtemps été le quartier général de la mission: le lieu de résidence du Pado, la base arrière logistique. Il y a 40 ans, Maetowo qui n’est jamais qu’un gros bourg, à l’échelle de la région faisait figure de mégalopole. Son marché, son temple, son collège, sa situation frontière avec la Birmanie en passant la rivière décrit tout à la fois son charme et son dynamisme. C’est ce dernier point qui a poussé le Père Quintard à s’installer à Maetowo au prix d’un paradoxe : le siège de la mission s’est établi à l’endroit où il y a le moins de catholiques. Uniquement 3 familles catholiques originaires de Birmanie constituent les paroissiens du cru.

Mais s’ajoutent les 40 pensionnaires de l’internat !

Last but not least: L’histoire particulière de la chapelle de Maetowo la rend unique à cause du symbole fort que son histoire nous rend vivante.  Le père Quintard l’a en effet bâtie à l’identique de celle qui, de l’autre côté de la frontière, accueillait l’armée karen dont il était l’aumônier… Cette dernière ayant été détruite, notre petite chapelle a donc acquis une importance historique !