Édito d’avril

Ils n’y croyaient plus ou ne voulaient plus y croire. Car voilà leur maître et ami exposé comme un malfaiteur au fait d’une croix. On le voyait prophète et on l’aurait voulu roi. Il n’est plus qu’un supplicié. Mais au petit matin d’un dimanche qui s’annonçait sans joie, on annonce son retour à la vie. Ils le voient. Il est celui qu’il avait annoncé être : la vie. Alors désormais pour nous vivre et croire seront un seul mouvement, un seul rythme. Un pas de résurrection !

Entrons dans la danse.

La chronique

Le carême nous aura permis de vivre dix-neuf vies en une tant l’agenda est chargé.

Le carême tout d’abord où nos communautés avancent à l’exemple de don Bosco. Sa vie sera le fil rouge de la prédication des dimanches de carême, en quatre feuilletons soutenus par une image exposée devant l’autel. Aymeric fut l’artisan de cette matière. Sa vie inspirante marque nos communautés. Au point que les habitants des hauts de Maesapao, à Kleupado, décident de lui dédier leur toute nouvelle chapelle. Cette petite communauté grandissante peine à faire la distance chaque dimanche vers le village principal pour la prière dominicale, surtout durant la saison des pluies. Alors ils se sont organisés pour devenir autonome. Ils ont élu leur responsable de communauté et bâti leur petite chapelle de bambou et de bois. Si la communauté persévère alors, après 2 ans, la chapelle sera reconstruite en matériaux plus durables.

Les célébrations de Pâques s’enchaînent à partir du 13 mars. Joyeuses, festives, tout à la joie des 42 catéchumènes qui reçoivent le baptême cette année dans notre secteur.

Les visites se multiplient si bien que la Guest house de Maewé ne désemplit pas. Familles des volontaires, volontaires d’ailleurs et anciens volontaires et amis de toujours se succèdent. Bien sûr la joie est sans pareille quand il s’agit des amis qui nous reste fidèles depuis tant et tant d’années : Coucou, Francis et Nicole, Bruno et Béatrice, Johanna et Bernard…

Aucun ne se tourne les pouces ou baille aux corneilles : Francis et Nicole refont l’électricité de Maetowo, Bruno repeint le presbytère et, aidé de Béatrice, seconde les médecins. Trois médecins tournent dans les villages. Précieuses visites.

Un seul village ne pourra être visité : Maeweta. Des échauffourées à la frontière poussent à la prudence et les habitants de Maeweta préfèrent ajourner nos venues. Fêteront-ils Pâques cette année ?

Le terme de l’année scolaire est marqué des traditionnelles fêtes de fin d’année. Le centre de Maepo choisit la forme d’un long repas, à Maetowo ce sera un karaoké et dîner dans l’herbe, Maewé plus solennel opte pour un spectacle sur scène. Beaucoup d’émotions et de pleurs pour ceux qui terminent un cycle et doivent quitter un lieu pour un autre.

Sur la promo de 10 qui termine sa 3ème à Maetowo, tous étudieront l’année prochaine, ce qui est une belle victoire. 4 iront au lycée et 6 vers des filières professionnelles. Bonne chance à eux.

Le sort de nos écoles reste moins incertain ! En effet, l’inspection académique se montre inflexible et n’entend pas revenir sur sa décision de se conformer à la stricte légalité. Pour ce faire, nous devons donner nos écoles au gouvernement et renoncer à y intervenir de manière habituelle. Pourquoi pas après tout si nous étions assurés d’une gestion saine et motivée. Nous savons trop bien au vu des écoles alentours qu’il n’en sera rien. Cette solution a donc été écartée par le diocèse et nous allons changer de statut pour devenir non plus une école mais un centre éducatif. Il s’agit d’un réseau de petits établissements destinés à scolariser des élèves de villages extrêmement isolés. Nous entrerons dans ce groupement qui dans les faits ne changera rien à la scolarité des enfants. Nos professeurs continueront d’enseigner mais sous une autre bannière.

Enfin, la veille des Rameaux avait lieu l’ordination épiscopale de notre évêque à Nakhon Sawan. On connaît bien l’élu qui fut curé dans notre secteur quelques années. Alors vous imaginez la joie. Une petite délégation nous emporte vers la fête où nous arrivons la veille. Dès qu’il a appris la date, le Pado s’est rué sur Internet pour réserver 10 chambres d’hôtel proche du lieu de la célébration. Et de fait, la petite ville fit prise d’assaut par les catholiques. 4500 participants alors que notre diocèse compte uniquement 30 000 catholiques

Pour pimenter notre excitation, les villageois ont tâté du mode de vie urbain. Tonomo et Tonopa ne sont pas démontés et ont organisé une visio-conférence avec leur fille qui travaille en ville. Ils se sont fait expliquer le fonctionnement de la climatisation, du thermostat de la douche, de la télévision. Djepomo déjà repue n’a pas callé devant un double cheeseburger au McDo. Philimo a attendu sagement que son mari la distance de quelques mètres pour se faire expliquer les vertus d’une crème de beauté dans un immense centre commercial. Et l’acheter. Ses copines ont immortalisé le moment en photo et hop sur Facebook. Hilarité générale.

La célébration de l’ordination fut magnifique. A l’ordonnancement millimétré. On se dépêche de rentrer et on gardera les salutations protocolaires pour la visite de l’évêque à Maewé. On attendra peu : le 6 avril l’évêque viendra confirmer nos petits.

Bien inspiré, le nouvel évêque procède à des nominations attendues dont un nouveau curé sur le secteur de Maetowo. Après Pâques, c’est un père Karen qui présidera aux destinées du secteur. Le père Ya, figure très estimée des Karens sera à pied d’œuvre après Pâques.

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