Édito de novembre

« On raconte qu’en Lorraine, les habitants d’un village étaient si pauvres qu’ils n’avaient même pas le secours d’un miroir pour se regarder. C’est dans le bleu des yeux de leurs mamans que les enfants se voyaient grandir ! » *

Ah si nous pouvions continuer de fixer le regard de la Sainte Vierge au-delà du mois du rosaire, le mois d’octobre, nous nous verrions grandir et nous ne perdrions pas courage de devenir des saints !

Belle fête de Toussaint.

*Martin Stephens, la vie en bleu, 2014

La chronique

 

Le mois d’octobre fut dense, laborieux.

À cause de l’opiniâtreté des nuages, ils s’étaient donné le mot pour ne pas quitter la scène. Les pluies incessantes obligent un entretien sans répit des rizières pour protéger les semis des mauvaises herbes. Le dos courbé, la binette à la main, les Karens se partagent les pentes des coteaux ensemencés. Ils avancent en ligne formant une étrange battue pour éradiquer un prédateur muet : le chiendent !

Grâce à Dieu, les rizières prospèrent et la récolte promet d’être abondante même si des hordes de rongeurs prélèvent leur dîme à quelques jours de la moisson. Donc le sourire est de mise fin octobre mais le cours du riz s’est emballé en cette période de soudure où les greniers sont vides et espèrent la prochaine moisson. En attendant il faut acheter des sacs de riz pour vivre. Ils s’échangent contre 900 THB quand ils valaient 640 THB le mois dernier.

Fin octobre, on entend encore à Maewé le son d’une étrange flûte trafiquée dans une corne de buffle. C’est une coutume qui a presque disparu. Au moment où les pluies reculent, où le bleu du ciel reparaît, où les épis regorgent et appellent la moisson, le Karen sort sa flûte. Il en distille trois notes qui s’alternent et semblent danser comme un long message en morse. Ceux qui l’entendent ressentent la joie : l’austérité du temps de la mousson a vécu ! Ouf !

Autrefois, ces étranges mélopées se répondaient d’un champ à l’autre et enveloppaient la montagne dans son entier. Heureusement quelques nostalgiques résistent en soufflant encore dans leurs cornes pour annoncer la moisson !

Le mois d’octobre est aussi le mois du rosaire particulièrement suivi dans les villages visités par les sœurs de Maepon. Chaque village a sa façon, son mode propre ! Les uns prient le samedi à l’église, d’autres par petits groupes de maisons, d’autres encore roulent d’une maison à l’autre chaque soir. Bref, c’est selon mais c’est…

La paix sera l’intention principale.

À l’église de Maewé, on signale une innovation ! La Présence Réelle au tabernacle n’était pas signalée par l’habituelle veilleuse. Eh oui, pas d’électricité disponible comme dans les autres villages, pas de panneaux solaires pour alimenter la veilleuse en l’honneur du Seigneur.

À force de recherche et d’essais décourageants, la solution est trouvée : une lampe à huile avec des mèches venant de Terre Sainte. Le Pado gère le trafic de mèches et les habitants offrent l’huile de la lampe. Une bouteille par semaine. L’église paraît habitée désormais. Les villageois goûtent cette façon de faire offrande : un don bien concret qui semble faire durer leur prière.

 

Enfin le mois d’octobre, c’est les vacances de fin de semestre. Suivant les établissements, les filières, elles durent entre 1 et 3 semaines. Les villages se repeuplent de jeunes et les terrains de de sport sortent de la torpeur ! Des activités diverses sont organisées : le camp vocation, des journées cuisine à l’école hôtelière, des formations pour les enseignants en langue karenne et l’habituelle session pédagogique des professeurs de nos écoles.

 

Un mois bien rempli donc !

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