Édito de septembre

C’est la rentrée ! Bouuuu…

Métro boulot dodo. Et nous voilà happés, occupés à courir après le temps qu’on ne rattrape jamais. Il file, et installe en nous une cadence de rythmes, de priorités qui s’affrontent et nous malmènent.  La machine nous impose des horaires, des cadences, des performances. Nous voilà dominés.

Heureusement les invitations nous libèrent de cette cangue. Invités, nous voilà reconnus parce que requis, libres d’accepter ou non. Enfin nous sommes nous-mêmes quoi! Le statut d’invité nous change, nous redonne notre vie.

Alors n’oublions pas cette invitation sans cesse répétée : “Heureux les invités au repas du Seigneur”!

 

La chronique

 

La fin de ce mois d’août compte un événement qui dissimule tous les autres : l’arrivée du nouveau volontaire de Maetowo. Aymeric, nantais de 25 ans fraîchement débarqué des JMJ de Lisbonne, pose son gros sac dans sa chambre. Sait-il que la moitié de son contenu ne lui servira jamais? As du piano, pro du chant choral : Aymeric peut commencer une carrière de kapellmeister à Maetowo. D’ailleurs, on s’est pourvu de claviers électroniques pour démarrer les cours sans délai. Des harmonicas aussi : les nuls ont souvent du souffle quoi!

Les jeunes l’ont déjà pourvu d’un nom karen : « Jodo » qu’ils traduisent eux-mêmes dans un anglais assumé:  « number one »!

On se réjouit de l’arrivée d’Aymeric et nous lui souhaitons un fructueux volontariat.

La saison des pluies est tyrannique ! Des averses abondantes doublées de gigantesques coups de vent renversent des arbres et provoquent les talus. Les routes souffrent y compris notre belle route départementale qui, au sortir de Maetowo, s’est affaissée d’un bon mètre sur 30 m de long. Durant quelques jours, on jongle en organisant des ponts routiers. On se fait déposer d’un côté de la fracture qu’on franchit à pied et récupérer de l’autre côté par un autre véhicule. Ces acrobaties s’organisent sans le secours du réseau téléphonique. Le Pado propose de réapprendre le sémaphore ! Mais en 3 jours un pont provisoire est lancé entre les deux rives de la faille et la circulation peut reprendre.

Dans la montagne, les pistes souffrent tout autant : arbres couchés, éboulements…  Les villageois s’empressent de les remettre en état.

 

Cette diligence obéit aux priorités économiques du moment. C’est la saison des pousses de bambou. A vrai dire, c’est un dur labeur. On voit partir tôt le matin les Karens vigoureux, une immense nasse retenue par son bandeau sur le front. Elle se chargera des pousses de bambou déterrées dans la forêt. 40 kg, 50 kg… il faudra les porter jusqu’à la piste ou un marchand les rachète 5 thb le kilo un très bon prix cette année. 1 euro, c’est 37 thb ! Ça laisse rêveur.

Grâce à Dieu, les rizières s’accordent fort bien de ces pluies et la récolte reste prometteuse.

Ce mois d’août est marqué par la fête de l’Assomption. Chaque village la célèbre à son tour et chacun a son jour si bien que tout le mois revêt une couleur mariale. La pluie ne permettra aucune procession cette année. Alors chaque communauté improvise dans l’église un autel à la Sainte Vierge où chacun viendra déposer un cierge et confier sa vie à notre mère du ciel au cours d’une veille mariale fervente. Les talents se déploient et ce sont des heures dépensées à plisser des draperies, composer des bouquets pour un reposoir aussi prestigieux que possible. Puisse Notre Dame bénir ses communautés.

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