2004-2006 : Pierre, parole de volontaire

J’ai été envoyé en Thaïlande par les MEP en 2004, comme professeur d’anglais dans l’école de Maeramat tenue par les sœurs de Saint Paul de Chartres. C’est alors, sur place, que j’ai rencontré le Père Alain. Il m’a fait découvrir pour mon plus grand bonheur les villages karens dans la montagne. Aussi dès que j’avais quelques jours disponibles, je le rejoignais et l’accompagnais dans ses tournées jusque dans les villages les plus reculés. Jusqu’à ce que je le rejoigne définitivement.

Il s’agissait de rendre visite aux communautés chrétiennes et c’est là que j’ai trouvé ma place. Le Père avait toujours mille projets en tête, il y avait largement de quoi occuper les bonnes volontés : participer à construction d’une chapelle, réparer un pont, préparer un spectacle, aider à l’ouverture d’une petite école de village… Le Père assurait le lien indispensable entre toutes ces communautés dispersées à travers la montagne afin qu’elles forment vraiment une Eglise. Je me joignais pour cela à lui et la trajectoire de mon volontariat MEP s’en est trouvée modifiée, se transformant progressivement en une collaboration étroite avec le Pado.

Et puis Il y a eu la rencontre avec Jean-Baptiste qui a été pour moi l’autre évènement fondamental de ma mission. Il était là pour faire sortir de terre une Ecole d’agriculture à Ponouaypou. Je l’avais rencontré pour la première fois au camp de Mae La et je me demandais bien qui était ce barbu aux airs de poète ! Et comme Ponouaypou dépendait du Pado, « JB » et moi avons été amenés à nous côtoyer de plus en plus. « Unis comme les deux natures du Christ » (selon le Pado) nous habitions, entre deux tournées dans les villages, à côté de la maison de la Mission à Maetan. Cette petite ville était proche de Ponouaypou et bien placée pour gagner Poblaki, Maewé, et autres villages situés aux confins de la chrétienté…Nous ne quittions pas le Pado d’une semelle malgré ses nombreuses tentatives pour nous semer ! Sans doute une façon de tester encore nos ardeurs missionnaires !

Cette période de mission a été pour moi une expérience bénie et fondatrice, une expérience de vie toute simple et entièrement tournée vers les autres. Il y avait tant à faire mais il me semblait que tout ce que nous faisions n’était rien d’autre que de témoigner de l’amitié agissante et bienfaisante de l’Église. Ce qui est premier c’est la manière dont on fait les choses plutôt que les actes eux-mêmes.

Ce qui m’a le plus marqué ce sont les moments d’amitié qui m’ont été donnés de vivre. Cette amitié partagée avec les Karens – avec leurs grands défauts et leurs immenses qualités – est un avant-goût de l’éternité. Il faudrait au moins une chanson de geste pour tenter de décrire le lien si fort qui m’a uni à ce peuple et à son histoire. Je garde le souvenir de tous ces moments de fraternité où j’ai tant appris. Une manière d’être présent au Monde dans une vie toute simple et que nous avions souvent oubliée.

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